Elle passa le portail derrière les pas du paladin. Elle semblait reposée, étrangement douce et sereine.
Le monde devant elle n’était que verdure, un lieu sauvage et désert. Un lieu imbibé de soleil, où nulle main humaine n’avait encore apposé son poison.
Elle s’accroupi dans l’herbe fraîche et posa son autre main sur le sol, un vague sourire se dessina sur son petit visage, puis, elle leva les yeux au ciel. Dans la lueur du soleil, à ses yeux, il n’y avait qu’un visage rayonnant. Là haut, parmi les nuages qui voletaient au gré de leurs envies.
Son cœur battait fort, une odeur de rose émanait d’elle.

« Mes frères ! Je suis rentrée à la maison ! » cria t-elle.

C’est alors que des milliers de fantômes apparurent devant eux, dans la plaine.
Tous affichaient un large sourire, ils étaient des guerriers, des femmes, des enfants, ils étaient tous là, présents. Du groupe, se détachèrent quatre personnes qui avancèrent vers eux.
Ils s’agenouillèrent lorsqu’ils furent à portée, plantant leur épée dans le sol, les mains jointes sur la garde. Elle posa une main sur leur tête et un à un retrouvèrent chacun leur corps charnel.
Ils se relevèrent, de chair et d’os après son passage, tous n’étaient que lumière et portaient en leur aura un certain halo de paix brillant.

« Je suis Malakith, premier paladin. » Annonça le premier relevé, un homme aux cheveux courts et blonds. Des yeux bleus et une imposante musculature. Des ailes fines et dorées gisaient dans son dos, comme attestant de son pouvoir céleste.



Le second, quand à lui, avait des traits similaires à ceux d’un elfe. Des oreilles pointues, un visage fin et délicat. Il portait néanmoins les traces de la guerre sur le visage et son expérience du combat ne pouvait être remise en doute. Il avait de longs cheveux blonds et les yeux verts.

« Je suis Izarius, second paladin. »


Le troisième, avait de longues ailes noires comme la nuit. Contrastant avec des cheveux blonds et longs soyeux.
Une très large musculature, il avait l’apparence d’un roc.

« Je suis Heric, le troisième. »



Quand au dernier. Il était seul dans son cas. Il avait l’apparence la plus humaine de tous. L’on sentait le poids des années sur ses épaules, comme si son cœur n’avait jamais connu les mondes surnaturels de l’après mort. Roux, des cheveux mi-longs, il serrait contre lui un gros grimoire, une imposante épée à sa ceinture attestait néanmoins qu’il savait se battre.

« Je suis Erwan, quatrième paladin. »



Elle observa un à un ses guerriers. Emue, ils avaient répondu à son réveil. Elle indiqua à Dante de se mettre à leur côtés, il était devenu le cinquième.
Puis, telle un chef de guerre ordonné, elle recula un peu se dressant malgré sa petite taille devant cette foule, son aura si paisible laissa dès lors place à une force gigantesque.
Ses yeux se ternirent et devinrent noirs. Ses cheveux perdirent toute vitalité et ses mains devinrent des griffes acérées. En une fraction de seconde, elle avait changé du tout au tout. Elle possédait une puissance extraordinaire et pour Dante qui avait côtoyé d’assez près Jäwell, il lui était facile de deviner qu’il s’agissait d’une force avec cette même teinte destructrice, une force… bien supérieure à celle du prince.

Elle prit la parole, sa voix porta à travers ce monde tel un écho des abysses et dans le cœur des morts s’écoulait quelque chose de lointain pour eux.
La vie.


« Il y a de cela des milliers d’années. Nous possédions un monde humain.
Un monde, où son voisin pouvait être un allié comme un ennemi.
Un monde, où nous ne pouvions nous faire confiance les uns les autres.

Notre monde était imparfait, mais il était nôtre !

Souvenez vous de ce jour mes frères, ce jour où ils sont arrivés !
Où ils ont volé nos terres ! Pillé nos vies !

Ceux là, étaient l’armée du chaos ! Des légions de morts qui sont entrés dans nos chaumières !
Et notre monde s’est écroulé devant tant d’abominations, la terre est morte sous leur pas maudits.
Nous nous sommes levés contre eux !
Nous avons combattu avec toute notre ardeur, avec nos vies, avec nos âmes !

Mais alors que la bataille prenait fin, que nous gagnions ils ont préféré tout détruire.
Ils ont brûlé notre monde et tous ceux qui étaient dessus ! Rayé le troisième monde sans en laisser une seule trace !
Ils nous ont simplement effacés ! »

Elle parlait avec conviction, rage, fureur et désespoir se mélangeaient dans sa voix.
La peine et la souffrance faisaient battre son cœur comme aucun d’entre eux.

« Pour nous punir, ils m’ont enfermée dans une montagne, gardée par un dragon, enfermée dans une vierge de fer, le tout renforcé par une magie noire.
Quand à vous, ils vous ont refusé l’entrée de leur monde de morts, l’entrée de l’Ombrae ! Préférant vous laisser isolés sous le joug des Dieux.

Et vous, qui êtes là mes frères aujourd’hui. Vous leur prouvez que leur monde n’est qu’une vaste mascarade ! Car les morts peuvent avoir droit à la lumière ! »

Brusquement, le soleil s’intensifia et dans la plaine une chaleur intense se fit ressentir.
Lorsque cela s’atténua légèrement, tous étaient revenus à la vie. Tous étaient redevenus des êtres faits de chair et de sang.

« Mes frères, montrons leur ce que l’armée de la lumière peut accomplir. Que leur sang soit versé. Reconstruisez vos chaumières! Reforgez vos épées! Faites voguer les navires!

Moi,
Dagaz Lame d’Argent. Neuvième nom des Lames d’Argent.
Je vous jure ici et maintenant que nous reprendrons nos droits dans l’histoire et nous détruirons une bonne fois pour toutes ces Dieux malsains. »