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 Roue d'Acier

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Ja'al

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MessageSujet: Roue d'Acier   Roue d'Acier EmptyMer 13 Fév - 20:16

C'était l'hiver. La neige était descendue depuis plusieurs semaines déjà, recouvrant la moindre roche visible. Le vent qui s’engouffrait entre les contreforts portait dans son sillage des flocons gros comme le poing. Pourtant, rien n'aurait pu effacer les traces de sabots qui s'enfonçaient à présent sous les arbres. Au son du grincement des troncs, et de la tempête qui faisait hurler leurs cimes, le cheval progressait lentement. Le pas noble, il ne prêtait qu'un intérêt moindre aux alentours. Les loups, si c'étaient bien des loups qu'il avait entendus hurler, étaient bien trop loin désormais pour le rattraper. Un instant, il renâcla, lorsque ses pattes s’enfoncèrent plus profondément encore dans la neige. Une pression des genoux contre ses côtes, et il reprit sa route. C'était une belle bête. Quoique arrivant sur ses seize ans, il était encore capable de courir une journée entière, un peu moins avec un cavalier sur son dos. D'une teinte noire, il formait une véritable, tache, ombre mouvante sur le manteau blanc. Nombreux étaient ceux qui aurait tué pour l'avoir. Les quelques fous qui s'y étaient essayé n'étaient maintenant plus là pour le dire. Il faut dire que son cavalier n'était pas du genre à se laisser dépouiller en douceur. Les cheveux sombres et poivrés – noués par une bande de cuir derrière la tête – encadrait un visage qui semblait tailler dans la pierre. Tenter d'y déceler le moindre sentiment, ou sensation, était peine perdue. L'homme, pareil à une statue, encaissait les coups du vent sans sourciller. Il avait néanmoins resserré sa cape autour de ses épaules : sa tunique, quoique épaisse, n'était nullement faite pour un temps pareil. Dans son dos, emmailloter dans une épaisse fourrure, le pommeau d'une épée émergeait au-dessus de son épaule droite. Ainsi dressé, il n'aurait pas départi sur un champ de bataille, prêt à charger sur son énorme destrier. Mais quoi ? Rien ne vivait ici, à part les tueurs en fuite, et les fous. Et toi, Kernague, de quelle catégorie fais-tu partie ? Les tueurs, assoiffés de sang, ou les fous ? Sans doute les deux à la fois...

L'homme étouffa un grognement. Tirant sur ses rênes, il fit pivoter sa monture, quittant ce qu'il avait su être un chemin, il y a des années de cela. Plus personne ne l'utilisait depuis bien longtemps. La région était trop inhospitalière, trop loin de tout pour intéresser quiconque. C'était l'endroit rêver pour les ermites, ou ceux qui voulaient disparaître. Même les lycans ne venaient pas chasser ici, ou même donner libre court à leurs furies. Un simple mot convenait parfaitement pour le décrire. Néant. C'était ce qu'il lui fallait, le temps qu'on oublie son nom. Il n'était pas pressé de regagner la civilisation : les cavaliers l'avaient poursuivi bien plus longtemps qu'il ne l'avait prévu, et ils n'oublieraient sans doute pas avant longtemps ce que le guerrier avait fait...

Guider par son maître, le cheval s'enfonça plus encore entre les bois. Là, les arbres se rapprochaient les uns des autres, ombres néfastes qui dansaient sous les hurlements du vent. La neige, ici, était moins profondes, protégés par les épaisses branches. Plusieurs congères avaient pris forme là où ces dernières avaient cédé sous le poids, énorme, qu'elles supportaient. Encore une fois, l'homme et sa monture n'y prêtèrent pas la moindre attention. Bientôt, suivant un tracé qu'eux seuls connaissaient, il émergea enfin à flanc de montagne. Une large bande blanche s'avançait devant eux, commençant une centaine de mètres plus haut, finissant plus loin que l'horizon en contrebas. Mettant pieds à terre, il se débarrassa de sa cape, et, passant son baudrier par-dessus sa tête, il l'attacha à son épaisse selle de cuir. Saisissant les rênes avec sa main droite, il commença l'ascension, n'hésitant pas à plonger sa main gauche dans la neige pour s'aider. Quoique court, il lui fallut plus d'une heure pour enfin surplomber ce qui cachait un éboulement. Il avait eu lieu une vingtaine d'années plus tôt, et c'était un des premiers repères, parmi d'autres, qui indiquait la voix aux initiés, pour se rendre là où il désirait aller. Jouant la sécurité, il traversa le sommet de l'éboulement toujours à pied. Ici, les pierres n'étaient pas encore assez solides pour supporter son poids et celui de son cheval conjugué. Ce ne fut que plus tard, qu’enfin, il put remonter en selle, s'enveloppant à nouveau dans sa cape. Le plus difficile était fait. Même si le passage ne posait guère de difficulté, par un temps pareil, certains l'auraient qualifié de suicidaire. Mais il n'avait pas le choix.

Redescendant de quelques mètres, il s'engagea sur une corniche large de cinq pas, tout au plus, et commença, lentement, à la longer. Face au pic qui s'élevait sur son côté droit, le ravin sur sa gauche aurait pu paraître négligeable. Il se trouvait néanmoins suffisamment haut pour que la chute soit mortelle, s'il tombait mal. De toute façon, se briser un os dans cette région menait à la mort. Par réflexe, il ramena sa monture plus proche encore de la falaise, jusqu'à ce que ses étriers frottent contre la pierre.

La corniche ne menait pas loin. Bien vite, il trouva l'indice suivant : une simple encoche, une croix, gravée dans la roche. Il se dirigea vers la direction inverse. La souche épaisse, fut le suivant. Lorsque enfin, il trouva le lit de la rivière, couverte de glace, il sut qu'il n'était plus loin. Filant vers l'amont, ses yeux scrutaient l'obscurité, à la recherche de l'indice suivant. Un simple amas rocheux. Qui aurait pu dire qu'il s'agissait des restes d'une tour ? Dans un tel lieu ? Pourtant, dès qu'il la croisa, il remit pied à terre, et s'engagea sur la pente abrupte, se faufilant entre les arbres. C'était là. Juste derrière. C'est, en arrivant au sommet de celle-ci, qu'il la vit. Enfoncée dans une combe, la maison forte était pour le moins bien dissimulée. Il l'avait découverte voilà bien longtemps, fuyant son passé vers une nouvelle vie. Une partie du toit s'était effondré, et de la neige s'enfonçait à travers. Plusieurs meurtrières se dessinaient contre le mur, ainsi que quelques fenêtres. Le mur d'enceinte, haut de quelques mètres, s'était effondré depuis un moment déjà. En plusieurs endroits, les pierres s'étaient détachés et avaient formé d'épais tas au sol. Le Refuge, comme il l'appelait. Le seul endroit suffisamment sûr selon lui.

Il descendit la pente, guidant toujours son cheval par la bride, mais cette fois-ci en accélérant le pas, heureux d'être enfin arrivé. Néanmoins, il n'abandonna pas la bête dans la cour intérieure, mais se dirigea à l'arrière. Une étable, ou ce qui avait été une étable, se trouvait caché derrière l'épais bâtiment. Passant son épée entre les planches qu'il avait clouées voilà plusieurs années sur l'entrée, il n’eut aucun mal à les faire sauter, et poussa la porte. Elle était plutôt simple : quelques stalles, et un grenier où l'on pouvait se rendre grâce à une échelle. Il ne savait pas si celui-ci avait jamais contenu quelque chose, mais à chaque fois qu'il était venu, rien ne s'y trouvait, hormis la poussière...

Il installa son cheval dans une des stalles, avant de lui retirer sa selle. Les lourds paquets, qui se trouvaient sur l'arrière de celle-ci allèrent au sol. Il déposa néanmoins une couverture sur le dos de son compagnon, pour le protéger du froid. Bien entendu, le baquet de pierre, qui contenait l'eau, au sol, avait gelé. Il lui fallut un moment pour le dégager, allant même jusqu'à frapper dessus avec une pierre : la glace était solide, et profonde de quelques centimètres. Quand ce fut fait, il jeta les débris à l'extérieur. Dans le second, qui était vide, il versa un peu d'avoine. Les temps étaient durs, il lui fallait économiser jusqu'à ce que la neige fonde. Dans la stalle adjacente, il déposa le sac, le refermant bien. Après quoi, mettant les deux paquets restant sur l'épaule, il ressortit, fermant derrière lui : le froid était déjà suffisamment mordant, il ne comptait pas lui faciliter le travail.

Revenant vers l'entrée du Refuge, il prit néanmoins le temps de prendre avec lui quelques bûches. Coupés lors de sa dernière visite, il les avait recouvertes d'une épaisse bâche, pour les empêcher de prendre l'eau. Avec la quantité de neige qui était tombée, il s'en félicita. Il poussa la porte, laissant un vent frais s'engouffrer à l'intérieur du bâtiment.

_Il y a quelqu'un ?

La question était idiote, il le savait. Rien ne pouvait vivre bien longtemps ici. C'était un hall des plus banal, fonctionnel. Un escalier en pierre montait à l'étage, tandis qu'un autre descendait à la cave, il le savait. Mais dans l'obscurité, il ne pourrait sans doute pas les trouver. Bien visible, à l'autre bout, il y avait trois portes. En bois, avec des renforts d'aciers, elles n'avaient sans doute pas était ouverte depuis un moment déjà.

Il déposa ses fardeaux au sol un instant, le temps de faire tomber la petite poutre contre la porte. C'était ce qui servait de verrou. Malgré sa taille, elle était solide. Si quelqu'un tentait de l’enfoncer, il serait prévenu bien avant. Bon sang, si quelqu'un vient ici et tente d’enfoncer cette porte, par un temps pareil, je veux bien tenter de tuer un vampire nu et sans armes !

Il souleva ses affaires, et se dirigea vers les portes. Dans le silence, ses bottes semblaient être d'acier. Il prit celle de gauche, et s'engagea dans le couloir obscur. Le chemin ne fut pas long, et il émergea à la cuisine. Une seconde porte lui faisait face, mais elle était condamnée. Un petit escalier en bois montait à l'étage, sans doute un raccourci vers les appartements de quelques anciens seigneurs. Juste dessous, un escalier descendait aussi, comme dans le hall, vers la cave. A nouveau, un raccourci. Bien entendu, elle ne contenait plus d'aliments depuis bien longtemps. Il jeta néanmoins les bûches dans l'âtre, et, sortant son briquet à amadou de sa tunique, entreprit de l'allumer, se servant de quelques herbes sèches, qu'il avait toujours avec son briquet : on ne savait jamais quand on allait avoir besoin d'allumer un feu de toute urgence, il fallait être prêt. A son grand étonnement, les bûches s'enflammèrent rapidement. Soufflant doucement dessus, pour les attiser, il se recula lorsque les flammes commencèrent à diffuser une faible aura dans la pièce. Sans l'éclairer totalement, il pouvait maintenant distinguer l'épaisse table au centre de la cuisine, et quelques chaises. C'est là, qu'auparavant, on déposait les plats avant de les emmener dans la salle commune.

Il tira une des chaises, et s'installa à la table, laissant tomber les sacs dessus. Avec un réel plaisir, il passa son baudrier par-dessus son épaule, et dégaina son gros engin. Il s'assura simplement que son fil n'était pas endommagé, et la déposa à ses côtés. Toujours avec ce sentiment du devoir accompli, il retira sa cape, et l'étendit au centre de la table, entre deux chaises, pour la faire sécher. L'un des sacs, il le repoussa, et ouvrit l'autre. C'était là que se trouvaient ses réserves. Il y avait surtout de la viande séchée, fumée, mais aussi un peu de pain. Pas beaucoup, bien entendu, ce genre de chose séchait vite. Des fruits secs, aussi, se trouvaient au fond de celui-ci. Pour le moment, il se contenta de sortir une tranche de lard, et cassa un morceau de pain. Évidemment, sec depuis le temps. Il mâcha longuement les deux, avant de les avaler. Bien souvent, cela coupait la faim.

Du fond de sa tunique, il sortit enfin sa pipe, et sa tabatière. La fourrant bien plus qu'il ne fallait, il se releva, retournant près du feu. Il ramassa une brindille, la plongeant dans les flammes, avant de s'en servir pour l'allumer. Le guerrier tira une bouffée, sourit, puis retourna à sa place. Enfin, pour la première fois depuis des semaines, il laissa échapper un soupir de contentement...

Sa main jaillit subitement, saisissant son épée, avant d'en diriger la pointe vers les escaliers. Quelque chose, aussi fou que cela puisse paraître, avait bougé dans l'obscurité. Plissant les yeux, il fut enfin capable de la voir. Une petite fille, qui ne devait avoir qu'une huitaine d'années, en haillons, brandissant une épée elle aussi, rien que ça ! A voir son état, il ne lui restait plus beaucoup de temps, quelques jours peut-être. Pourtant, celle-ci ne resta pas immobile pour autant. Poussant un petit cri, vide de force, elle lui fonça dessus, lame en avant. L'homme était un guerrier d'exception. Il avait affronté de nombreux ennemis, souvent en surnombre. Sa présence ici témoignait de sa force et de son adresse. Il n'eut donc aucun mal à dévier l'arme, en riant même. La petite fille, pourtant, bien que déséquilibrée par ses maigres forces et le poids de l'arme, n'abandonna pas. A nouveau, elle tenta de le frapper, et, à nouveau, le guerrier, sans le moindre effort, d'un geste mécanique, dévia la lame. D'un coup vicieux, il enroula son épée autour de la sienne, avant de lui arracher d'un coup sec. La petite, pourtant, ne s'arrêta pas pour autant, et se jeta sur lui, tentant de se saisir de la dague qui pendait à sa ceinture. Elle fut accueillie d'un coup de poing, qui l'envoya au sol.

_Assez !

La fillette, finalement, s'arrêta. A cause du coup, ou de son ordre ? Il l'ignorait. Néanmoins, il plaqua la pointe de son épée contre sa gorge, et se permit enfin de l'observer plus en détail. Elle avait les yeux verts, et, sous la crasse, il pouvait voir que ses cheveux devaient être marron foncé. Il s'était trompé pour l'âge. La faim la rendait plus maigre qu'il ne le pensait, et même de nombreuses privations n'auraient pu marquer son visage à ce point. Elle devait avoir entre les treize ou quatorze ans, environ. Pourtant, ce n'est pas ce qui l'étonna le plus, car, sur son crâne, se dressait deux petites cornes. Une Jessadienne ? Bon sang !

Au bout d'un instant, lorsqu'il se rendit compte qu'elle pleurait, il releva la pointe de son épée, et retourna s’asseoir, comme si de rien n'était. Il déposa sa lame sur la table, et ramassa sa pipe qui était tombée au sol lors de l'affrontement. Une Jessadienne de cet âge, seule, et si loin de tout ? C'était impossible ! Elle n'avait pu se rendre ici, de même qu'il n'était guère probable qu'elle ait passé l'hiver dans la maison forte, sans la moindre nourriture. Et pourtant, l'une des solutions étaient forcément la bonne...

Il jeta un œil à la petite Jessadienne, et s’aperçut de son regard qui allait de son gros engin, le sac de provisions, et la sortie. Soufflant sur sa pipe, il la saisit au coin des lèvres.

_Je ne te conseille même pas d'essayer... Et pour information, si tu tentais de sortir, je doute que tu ailles loin, à moins que tu saches voler. Mais tu peux toujours essayer...

Sa main se posa sur le pommeau de son épée, et il se tourna complètement vers elle. Son visage était indéchiffrable, il ne savait si elle s'apprêtait à lui foncer à nouveau dessus, tenter de fuir, ou bien si elle s'était enfin calmé. Ne fais pas de bêtises, gamine. Je peux être conciliant une fois, mais la deuxième serait de trop avec toi. Pour l'encourager à prendre la bonne décision, il poussa du pied la chaise qui lui faisait face, l'invitant à s'installer face à lui.

_Allons, assieds-toi petite Jessadienne, n'ai crainte, je ne vais pas te manger, tu es bien trop maigrichonne à mon goût...

_Je ne suis pas une Jessadienne !

Le guerrier la regarda, interloqué. Après quoi, il rejeta la tête en arrière, et éclata de rire.

_Si tu veux, si tu veux. Mais assieds-toi tout de même. J'ai ici un gros sac de nourriture, et j'aime bien avoir de la compagnie quand je mange. A moins que tu n'ais pas faim ? Non ? Alors assieds-toi et dis-moi qui tu es...

Du sac, il sortit quelques saucisses, et un autre morceau de pain, avant de les poser vers la place qui lui faisait face. Après avoir hésité un instant, la petite Jessadienne, car quoi qu'elle dise, s'en était une, se rua sur la table, manquant de tomber au sol, et commença à s'empiffrer. Le guerrier poussa le sac vers elle, pour qu'elle puisse se servir : il se serrait la ceinture au besoin, si elle mangeait trop. Il était néanmoins honteux de son stratagème. Dans ses haillons, avec sa crasse, ses cheveux emmêlés, et ses ongles cassés, on aurait pu la prendre pour une mendiante. Mais une mendiante avec une épée ? De plus, si ses souvenirs étaient bons, les Jessadiens ne vivaient que dans leurs canyons...

Il sortit de ses réflexions, observant la jeune fille. Déjà, elle avait fini les saucisses, et commencer à dévorer un saucisson. Elle lui avait dit quelque chose, il en était sûr. Elle m'a dit son nom. Il du la faire répéter.

_Je suis...

A nouveau, elle mordit à pleine dent dans le saucisson qu'elle brandissait, manqua de s'étouffer, et finit enfin.

_Ja'al.
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MessageSujet: Re: Roue d'Acier   Roue d'Acier EmptySam 16 Fév - 10:51

C'était une salle plutôt petite. Un simple et large bureau se trouvait au centre de celle-ci. En bois noir, il était d'une solidité à toute épreuve. Nombreux étaient ceux qui s'étaient installés devant lui. Que ce soit pour y rédiger des papiers importants, ou des lettres d'amours parfumées, sa simplicité ne le rendait que plus noble encore, véritable monument central de la pièce. Un siège tout aussi épais, avec des accoudoirs, était dressé derrière. Ce n'était pas le seul de la salle, mais les autres étaient empilés contre un mur. Dans un coin, un épais coffre était disposé. Les rivets et les gonds étaient depuis bien longtemps rouillés, et on ne pouvait l'ouvrir sans provoquer un grincement à réveiller les morts. Auparavant, cette pièce avait dû être occupée durant de longues journées, en témoignait la cheminée au fond noirci par tout les feux qu'elle avait accueillis. Ultime ornement, une lourde plaque de pierre avait été fixer sur le sommet de celle-ci. On pouvait y voir des loups, courant entre ce qui semblait être des arbres, avant de mettre en place une étrange bête cornue. Chose des plus étonnantes, la pierre donnait l'impression d'avoir fondu. En temps normal, Kernague se serrait sans doute interrogé sur les raisons d'un tel phénomène. Aujourd'hui, son esprit était ailleurs. Installé sur le fauteuil, une jambe passée par-dessus l'accoudoir, ses sourcils se fronçaient pas instant, au fil de ses réflexions. Sa pipe, coincée dans le coin de sa bouche, était éteinte. Il ne l'avait pas rallumé, il ne s'en était même pas rendu compte. Faisant doucement balancer sa jambe, il pianotait de sa main droite sur sa cuisse. Ce n'était pas dans ses habitudes, d'autant que ce n'était pas la première fois depuis son retour au Refuge qu'il était ainsi.

Comme mû par une étrange et indicible force, il se redressa d'un bond. Retirant sa pipe de sa bouche, il la tapota pour chasser les herbes à fumer déjà brûlées. Après quoi, il la glissa dans sa tunique. D'un pas lent, mais sûr, à l'image d'un félin en chasse sur son territoire de prédilection, il s'approcha de l'unique fenêtre de la pièce. Plutôt petite, quelques carreaux étaient brisés, laissant entrer un fin filet d'air frais. Son regard se porta au-dehors. Glissant sur les arbres qui délimitaient la combe où se trouvait dissimulée la maison forte, ses yeux tentèrent de s'accrocher au mur d'enceinte, pour retarder jusqu'au bout la vision qu'il redoutait. En vain. De dos, Ja'al ne pouvait le voir. Accroupie dans la neige, la Jessadienne avait commencé à rouler une énième boule, de près d'un mètre de diamètre : depuis son retour, le froid n'était pas retombée, et la neige n'avait que rarement cesser. L'hiver allait être encore rude. Encore quelques semaines, peut-être, et le temps se réchaufferait. Alors, ce serait la boue, mais au moins, il lui serait plus aisée d'attraper du gibier. Il avait passé toute la journée de la veille à attendre, coucher dans la neige, tapie contre le vent. En vain. C'était un pisteur plutôt bon, et il n'avait trouvé aucune empreinte. C'était pour le moins inquiétant...

Depuis leurs rencontres, il y avait maintenant environ un mois, Ja'al avait repris ce qui était sans doute son poids normal. Elle demeurait plutôt maigrelette, selon lui, mais au moins ses os n'étaient plus apparents sous sa peau. La première semaine, elle avait fait preuve d'une fringale monstrueuse, dévorant tout ce qui passait à sa portée. Elle avait passé l'autre bonne moitié de son temps à dormir, envelopper dans une couverture, devant le feu. Sans l'écouter lorsqu'il lui conseillait de manger lentement, elle vomissait tout ce qu'elle venait d'ingurgiter quelques vingtaines de minutes plus tard. Durant les deux premières nuits, il avait longtemps hésité : au vu de son état, lui trancher la gorge proprement durant son sommeil, sans la faire souffrir, aurait été préférable. Et il avait failli le faire. Ce soir-là, il avait pris soin de déposer plus de bûches encore dans le feu, et l'avait nourrie copieusement. Il n'avait pas non plus tenté de l'arrêter lorsqu'elle avait à nouveau commencé à dévorer ses provisions. Pourtant, elle ne cessait de lui jeter des regards appuyés, se dérobant lorsqu'il lui rendait. S'était-elle doutait de ce qu'il comptait faire ? Il l'ignorait, et n'aurait pas parié dessus. Avant de s'étendre près de la cheminée, elle l'avait même remercié. Elle ne l'avait jamais fait auparavant. C'était même une des rares fois où elle avait pris l'initiative de parler, sans qu'il la pousse. Son couteau à la main, il se revoyait encore s'approcher lentement de son petit corps endormi. Dans son sommeil, elle s'était retournée vers lui. Son cœur battait doucement, sa poitrine se soulevait lentement, et un fin sourire c'était dessiné au coin de ses lèvres, ce qui la rendait particulièrement adorable. Sans aucun doute, elle rêvait à quelques autres lieux où il faisait bon vivre. Il l'avait contemplé ainsi un long moment. Ses chances de survivre, même si le temps aurait été clément, étaient minimes, mais il ne prenait pas pour autant du plaisir à ce qu'il comptait faire. Il hésitait, et ce ne fut qu'au dernier moment qu'il remarqua ce qui finit de le convaincre. A mesure qu'il la contemplait, le cœur de la jeune fille avait commencé à battre plus fort, même si elle tentait de le cacher. Son sourire, quant à lui, n'était que factice, complètement crispé. Et ses paupières étaient bien trop closes pour que Ja'al dorme réellement. Comprenant ce qu'elle tentait de faire, il avait poussé un cri et avait projeté son couteau à l'autre bout de la salle. Puis, il était sorti en trombe, courant sur quelques mètres sous le blizzard, avant de finalement s'effondrer à genoux dans la neige. Et il s'était mis à les maudire. Eux, tout ses inconnus, qui avaient provoqué cette situation. Mais aussi lui-même, qui ne cessait jamais de se plaindre qu'il fallait conserver la nourriture, et qu'elle mangeait bien trop pour rien. Même Ja'al, cette petite Jessadienne qui avait débarqué dans sa vie comme une tornade, et qui, après tant de remontrances, se serait laisser égorger par son sauveur d'un jour, pour que celui-ci puisse lui survivre sans devoir se serrer la ceinture.

Kernague recula, retournant aux ombres bienfaitrices de l'obscurité. En bas, Ja'al s'était retournée. Elle ne l'avait pas vue, mais regardait néanmoins en direction de la fenêtre. Cela devait faire un mois maintenant, que leurs rencontres, ainsi que cette scène, avaient eu lieu. Depuis, il n'avait plus rien tenté. Le courage de la jeune fille, devant ce qui aurait dû être sa mort, avait été une véritable leçon d'humilité pour lui. Il s'était senti plus que honteux, s'estimant pire qu'un animal. Mais, alors qu'il était dans la neige, il s'était promis, pour se rattraper, de prendre soin de la Jessadienne, quoi qu'il lui en coûte. Le lendemain, aucun n'avait parlé de ce qui s'était passer la veille, à son grand soulagement. Elle s'était simplement levée, avait plié la couverture dans un coin, et était allée s'installer près de la fenêtre pour observer la neige qui, toujours, tomber. Néanmoins, il était sûr et certain d'avoir aperçu un sourire soulagé qu'il n'était pas destiné à voir.

Ils avaient beaucoup parlé ce jour-là, de tout et de rien, mais principalement de rien. Un instant, il avait tenté de lui tirer les vers du nez, pour savoir ce qu'une Jessadienne faisait ici. Peine perdue. A peine prononçait-il ces mots que Ja'al se braquait, se tendant comme un piquet. Bien entendu, cela n'avait fait qu'exciter sa curiosité, mais, diplomate, il avait préféré laisser les origines de la jeune fille de côté. Il ne servait à rien de la presser de ce côté-là, elle faisait la tête comme une gamine deux fois plus jeune qu'elle lorsqu'il abordait le sujet. A la place, il lui avait posé quelques questions sur ses goûts. Il n'avait jamais été douer avec les enfants. Plus que ça, il en avait peur. Bien trop grand et fort, il craignait toujours de leur faire du mal sans le vouloir. De plus, il savait rarement comment se comporter avec eux. Avec Ja'al, c'était différent : elle en avait bien trop vu pour son jeune âge, et demeurait bien souvent hermétique à ses meilleurs traits d'humour. Il n'avait que rarement entendu son rire, et, la plupart du temps, c'était quand il se cassait la figure dans la neige en lâchant un chapelet de jurons. Tout ce qu'il avait appris sur elle aurait pu tenir sur une demi-feuille de parchemin, le seul élément important étant qu'elle avait quitté le canyon, où vivaient les Jessadiens, il y avait un peu plus d'un an. Comment avait-elle fait ensuite pour survivre durant une année, et se rendre jusqu'au Refuge ? C'était un des autres mystères de la petite fille. Kernague ne croyait pas au destin, mais depuis son arrivée ici, il se posait de plus en plus souvent des questions, ce qui était compréhensible : sortie de nulle part, elle avait totalement chamboulé sa vie, comme une avalanche.

Ja'al, étrangement, avait ensuite été bien plus bavarde. Comme si cette funeste soirée avait marqué une véritable rupture, elle s'était mis à la bombarder de question. Principalement le concernant, lui, et les lieux qu'il avait visités par le passé. Kernague n'était néanmoins pas dupe. Elle ne s'intéressait pas à sa personne, mais bien à tout ce qui se trouvait en Ombrae. Quiconque l'aurait regardé dans les yeux aurait vu la lumière briller dans son regard lorsqu'il évoquait quelques lieux lointains. C'était sans doute pour cela qu'elle était partie de chez elle, il ne voyait pas d'autres solutions. Chez certains, l'appel de l'aventure pouvait être puissant, très puissant. Il n'empêche, cela n'expliquait pas tout...

Toujours immobile, le guerrier observa Ja'al finir son œuvre. Quatre immenses bonhommes de neige se dressaient désormais au milieu de la cour intérieure. Aussi grande qu'elle, ils étaient tournés vers l'extérieur. Des broches en métal constituaient leurs bras : Ja'al les avait découvert en visitant les pièces, pour se chercher une chambre digne de ce nom, comme elle disait. Après d'intenses réflexions, elle avait opté pour une des plus grandes chambres du bâtiment. Mais ce n'était pas son luxe passé qui l'intéressait, comme il avait pu s'en rendre compte. La fenêtre était aussi celle qui offrait la meilleure vue sur la combe. Lorsqu'il lui interdisait de sortir, car le temps était trop mauvais, et qu'elle daignait lui obéir, elle montait immédiatement à l'étage, suivant l'heure, et se collait à la fenêtre pour observer ce qui se déroulait à l'extérieur, comme si elle était restée cloîtrée dans ce lieu durant toute sa vie. Hormis le fait qu'il y avait aussi une cheminée, rien ne témoignait de sa grandeur d'antan. Le lit, quoique à deux places, paraissait d'une banalité effarante et les gravures d'animaux avaient été enseveli sous la crasse depuis de nombreuses années déjà. C'était tout. Kertague avait monté le jour même du bois, qu'il avait déposé contre un mur. Ainsi, si la température baissait, la jeune fille pourrait en rajouter, même au milieu de la nuit. Il avait aussi déposé ses affaires dans la chambre d'à côté. Sans doute une chambre pour les anciens invités de marque, la sienne possédant aussi une cheminée. Néanmoins, il avait pris la décision de ne pas l'allumer pour lui, de peur que Ja'al en manque. A la place, il gardait ses habits pour dormir, ayant donné le surplus de couvertures à sa jeune compagne. Pour lui, la santé de celle-ci passait avant tout. Si cela n'aurait été suicidaire, il lui aurait aussi donné celle qu'il avait.

Il n'avait toujours pas bougé. Immobile, telle une statue, il se contentait d'observer sa protégée. Celle-ci, après avoir fini ses constructions, surveiller les alentours. Juste à la voir, il savait ce qu'elle comptait faire. Soudainement, elle partit ventre à terre vers l'arrière de la maison forte, longeant les murs, avant de disparaître derrière un coin. Depuis qu'elle était venu avec lui voir comment aller Teshare, elle avait développé une véritable passion pour l'énorme cheval de guerre noir. Chaque jour, en pensant qu'il l'ignorait, elle se rendait en cachette le caressé. Le destrier l'aimait bien, quoique ayant tenté de la mordre les premiers jours. Celle-ci ne s'était pas découragée, et cela avait payé. La bête se laissait maintenant approcher sans trop de difficulté, tant que la jeune fille n'essayait pas de sauter depuis le grenier jusqu'à son dos. Après s'être écrasée dans une stalle, à deux bons mètres de distance de sa cible, en manquant de se briser le cou, elle avait promis de ne plus recommencer... Devant lui seulement, il n'était pas idiot à ce point. La petite ne craignait rien. Une fois, il l'avait surprise en train d'empiler les bûches près du mur d'enceinte, tentant d'y grimper. Selon elle, une fois dessus, elle aurait eu une meilleure vision d'ensemble du Refuge, et aurait trouvé plus facilement comment grimper sur le toit du bâtiment. De là-haut, toujours selon elle, elle aurait eu sans nul doute une magnifique vision du panorama, quoique entièrement coupé par les arbres. Évidemment, comme tout les jeunes de son âge, elle ne s'était jamais dit qu'avec tant de neige, le toit risquer d'être des plus glissants, et qu'une chute serait à coup sûre mortel. Lorsqu'elle lui avait rétorqué qu'elle avait un bon équilibre, l'homme avait décidé de tenir Ja'al à l’œil.

Poussant un soupir, il retourna enfin s’asseoir. Si la Jessadienne était une énigme vivante à elle seule, l'objet qui reposait au centre de la table était tout aussi étonnant. En le voyant, Kernague ne put s'empêcher de le saisir. C'était une très belle épée. Fine, et à la pointe légèrement courbée, elle n'avait qu'un tranchant. La garde, tout comme le pommeau, était des plus basiques, mais il ne fallait pas s'y fier : une telle lame, dans les mains d'un maître, était un synonyme de mort pour ses adversaires. Alors, pourquoi, lorsqu'il l'avait vue pour la première fois, c'était dans les mains d'une petite Jessadienne qui avait tenté de l'embrocher avec ? Ja'al avait juré ne pas l'avoir volé, et il avait tendance à la croire. Pour autant, cela n'expliquait pas comment l'arme était venue en sa possession : la jeune fille était devenue muette comme une tombe, si ce n'est répétée qu'elle lui appartenait. Lorsqu'il tentait de l'interroger plus profondément, elle serrait les poings et lui hurlait dessus, lui ordonnant de lui rendre son bien. Chaque jour, elle venait le voir, tantôt les larmes aux yeux, tantôt gentille, pour tenter de la récupérer. Lorsqu'il n'était pas là, elle essayait même de lui subtiliser, d'où la présence du coffre : il ne quittait plus les clés. Oui, il n'y avait pas à dire, la petite Jessadienne et tous ses mystères avaient bien chamboulé sa vie.

Il reposa l'arme sur le bureau, presque avec délicatesse. Appuyant ses coudes sur la table, il se prit la tête entre les mains, réfléchissant, quand la porte s'ouvrit avec fracas. Il n'eut aucunement besoin de tourner la tête pour savoir qui venait d'entrer.

_Bonjour Ja'al. J'espère que cette fois-ci, tu as pensé à bien refermer la porte de l'écurie ? L'eau de Teshare gèle sinon...

La jeune fille écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à être prise en faute, pas plus qu'elle n'imaginait Kernague au courant de ses petites visites au cheval. Au bout d'un moment, elle daigna fermer la bouche, et s'approcha du bureau, en silence. Le guerrier savait très bien ce qu'elle voulait. L'air de rien, de celle qui a le droit de faire ce pour quoi elle est venue, elle tendit la main vers la poignée de l'épée. Le guerrier l'attrapa par le poignet, doucement, mais fermement. Aussitôt, Ja'al poussa un soupir sonore, frappant du pied contre le bureau. A s'en faire mal, au vu de la grimace qui s'était dessinée l'espace de quelques secondes sur son visage. Enfin, elle parvint à se libérer, ou plutôt, Kernague la relâcha : ses mains, lorsqu'il le voulait, étaient pareils à des étaux. La mine boudeuse, la Jessadienne s'approcha des fauteuils empilés, et en tira un jusqu'au bureau, dans un crissement de tonnerre. Elle s'y installa simplement, croisant les bras en le regardant dans les yeux d'un air assassin. Si ses yeux auraient été capables de lancer des éclairs, il serait mort carbonisé depuis bien longtemps.

_Donne-moi mon épée.

L'homme soupira. Il était bon pour une énième discussion avec elle sur le sujet. Il aurait pu lui rendre, bien entendu, et mettre ainsi un terme à ce conflit. Mais voilà, pour lui, une telle lame n'était pas faite pour les mains d'une petite fille.

_A quoi bon ? De toute façon, tu ne sais pas t'en servir, tu n'en es pas encore digne. Tu crois qu'une épée n'est qu'un simple bout de métal ? Je commence à te connaître, si je te la donnais, tu tenterais à nouveau de monter sur le toit, pour t'escrimer avec contre le vent.

A voir son visage se renfrognait plus encore, il avait vu juste. Un instant, il eut la subite envie de se lever pour la gifler, jusqu'à ce qu'elle accepte enfin de se tenir tranquille. Ja'al l'observa un instant, quand, soudainement, son visage s'éclaira : elle avait clairement une idée derrière la tête. Sur ses gardes, il l'écouta.

_Alors apprends-moi à m'en servir, jusqu'à ce que j'en sois... Digne ! Je te promets que je ferais tout ce que tu voudras, que je ne ferais plus de bêtise. Je ne dirais plus rien, je ne viendrais plus t'embêter. Je n'irais même plus voir Teshare sauf si tu me l'autorises... Ensuite, tu me la donneras ? Hein ? Dis ? Tu me la donneras ? Je te le promets !

Kernague ne répondit pas. Délicatement, il saisit l'épée par sa poignée. En face de lui, la jeune femme avait presque fini par hurler. Dans le silence qui suivait, le guerrier observait son reflet dans la lame. Il savait qu'il allait sans doute le regretter amèrement. Mais, après tout, pourquoi pas ? Au moins, cela l'occuperait...

_Tu le promets, dis-tu ?

Il se leva, et Ja'al l'imita. Elle secoua la tête de haut en bas frénétiquement à son intention. Il ne put empêcher un sourire mauvais de naître sur ses lèvres.

_Bien... Commençons dans ce cas.
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Roue d'Acier

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